Qu’est-ce que le handicap visuel ?

La déficience visuelle correspond à une insuffisance ou absence d’image perçue par l’œil. Elle peut être liée à une atteinte de l’œil, du nerf optique ou du système cérébral. La déficience peut être congénitale ou acquise : accident ou maladie telle que le diabète, le glaucome, la DMLA, etc.

Le handicap se définit comme la conséquence de cette déficience : il s’agit de la perturbation que cette déficience provoque dans la vie quotidienne. Aussi, l’importance du handicap n’est pas nécessairement proportionnelle à l’importance de la déficience, car plusieurs causes doivent être considérées :

  • l’ancienneté de la déficience : si elle est de naissance ou ancienne, la personne a pu apprendre et développer des habitudes compensatoires à même d’alléger le handicap. À l’inverse, une déficience récente entraîne un handicap souvent à son maximum.
  • la personnalité du déficient visuel mais aussi son âge, son milieu social, son activité professionnelle, etc. : tous ces facteurs influent sur sa capacité à trouver des ressources nécessaires pour surmonter son handicap et acquérir des techniques d’adaptation à son environnement.
  • le rôle des proches constitue également un facteur déterminant. Leur implication dans la vie de la personne malvoyante peut créer des attitudes opposées : soit être les meilleurs agents de la rééducation, soit, par un mécanisme de surprotection, entraîner une démobilisation freinant ainsi l’instinct d’autonomie.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) décrit cinq stades de déficience visuelle :

  • La cécité absolue correspond à l’absence de perception de la lumière.
  • La déficience presque totale, ou cécité sévère, est définie par une acuité visuelle inférieure à 1/50 (ou comptage des doigts à un mètre ou moins) avec perception conservée de la lumière, ou un champ visuel inférieur à 5 degrés.
  • La malvoyance profonde correspond à une acuité visuelle inférieure à 1/20 (comptage des doigts à moins de 3 mètres) et supérieure à 1/50 ou un champ visuel inférieur à 10 degrés mais supérieur à 5 degrés.
  • La malvoyance sévère correspond à une acuité visuelle inférieure à 1/10 et supérieure ou égale à 1/20.
  • La malvoyance « moyenne » correspond à une acuité visuelle inférieure à 3/10 et supérieure ou égale à 1/10 avec un champ visuel d’au moins 20 degrés.

Sources : Syndicat National des Ophtalmologistes de France (SNOF), INSEE (enquête HID), Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, Agefiph

Quelques chiffres sur la déficience visuelle

En France, près de 1,7 million de personnes sont atteintes d’un trouble de la vision, dont :

  • 207 000 aveugles ou malvoyants « profonds » : absence de vision ou vision résiduelle limitée à la distinction de silhouette
  • 932 000 malvoyants « moyens », ayant une incapacité visuelle sévère : en vision de loin, ils ne peuvent distinguer un visage à 4 mètres ; en vision de près, la lecture est impossible

La malvoyance et la cécité ont des causes très variées, elles peuvent intervenir à la naissance, lors de la petite enfance ou au cours de la vie, suite à une maladie, un accident… Avant 60 ans, le diabète est l’une des principales causes de malvoyance et surtout de cécité, du fait de la rétinopathie diabétique. De nombreuses maladies génétiques, telles que la rétinite pigmentaire, ou des maladies rares encore méconnues sont également en cause.

Dans la grande majorité des cas, les problèmes de vue interviennent à l’âge adulte et bouleversent le mode de vie des personnes concernées : une réadaptation complète est alors nécessaire, aussi bien pour les gestes du quotidien qu’au niveau du poste de travail.

Bien que les progrès de la médecine permettent bien souvent d’éviter une cécité totale, les personnes fortement malvoyantes sont confrontées à de nombreuses difficultés lorsque le poste n’est pas adapté à leur handicap. En cas d’inaptitude prononcée par le médecin du travail, une réorientation professionnelle s’avère alors nécessaire.

Aujourd’hui, nous accueillons dans nos ateliers des personnes aux profils très divers mais nombre d’entre eux ont connu ce changement radical dans leur vie, du fait d’un handicap qui s’est aggravé ou est apparu à l’âge adulte. L’environnement de travail adapté que nous leur proposons leur permet de retrouver non seulement une activité professionnelle mais également un certain équilibre dans leur vie personnelle.

Handicap visuel et insertion dans l’emploi

En France, 50% des personnes handicapées visuelles sont sans emploi. À titre de comparaison, le taux de chômage est de l’ordre de 19% pour les travailleurs handicapés (tous handicaps confondus), soit le double de la moyenne nationale. A ce chiffre alarmant, s’ajoute le fait que le nombre de demandeurs d’emploi handicapés a augmenté deux fois plus vite que celui de l’ensemble des demandeurs d’emploi ces dernières années (+ 46 % entre 2012 et 2016, selon l’Agefiph et le FIPHFP).

Les personnes aveugles et malvoyantes sont confrontées à d’importantes difficultés d’accès à l’emploi, du fait leur handicap :

  • un niveau de formation inférieur à la moyenne nationale, peu de formations étant réellement accessibles ou adaptées au handicap visuel ;
  • la disparition de métiers traditionnellement occupés par les personnes déficientes visuelles ;
  • le manque d’accessibilité de nombreux outils informatiques, tels que des logiciels métiers, des sites internet (seuls 10% des sites sont accessibles) ;
  • le coût important des outils de compensation du handicap (plage braille, logiciel de lecture…)
  • un handicap qui « fait peur », perçu comme très lourd par les employeurs.

Selon une enquête menée par Ipsos en 2014 (« Baromètre de l’emploi des personnes handicapées »), 80 % des entreprises interrogées considèrent comme difficile l’embauche d’une personne en situation de handicap. L’emploi d’une personne non-voyante est clairement identifié comme étant très difficile (8,5 sur une échelle de 1 à 10).

Source : Enquête Ipsos « Handicap & Entreprise » – Baromètre emploi des personnes handicapées